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jeudi 28 mai 2020

Protéger les travailleurs grâce à des objets connectés québécois



Protéger les travailleurs grâce à des objets connectés québécois

Les entreprises québécoises PixMob et Klik ont réinventé leurs technologies rendues temporairement inutiles par la pandémie. Résultat : Safeteams, un appareil aidant les employés des services essentiels à respecter la distanciation physique et à tracer leurs contacts.
Techno
Maxime Johnson
28 mai 2020
Photo: Safeteams.
En temps normal, l’entreprise montréalaise PixMob vend des bracelets connectés qui illuminent des dizaines de milliers de spectateurs dans des événements d’envergure comme le Super Bowl et les spectacles de Taylor Swift. Son entreprise sœur, Klik, fabrique des cocardes dont les participants à des conférences se servent pour échanger leurs coordonnées, à condition d’être à proximité les uns des autres. Les deux marchés ont été dévastés en quelques semaines par la pandémie et la distanciation sociale.
« À la fin février, on a refait nos prévisions, et on a estimé que nos revenus allaient être de pratiquement 0 $ pour le reste de l’année », raconte Charles Truong, président de Klik. Et la situation de PixMob ne vaut pas mieux. « Un stade de 50 000 personnes, c’est la dernière chose qui va rouvrir », prédit le PDG de l’entreprise David Parent.
Pour éviter de mourir à petit feu, PixMob et Klik (officiellement deux unités d’affaires de l’entreprise Eski) ont créé des cellules d’innovations pour trouver comment générer des revenus à court, moyen et long terme. Plusieurs initiatives sont nées de cet effort. L’entreprise a par exemple utilisé ses contacts en Chine et dans le milieu des transports pour importer en avril du matériel de protection personnelle au Canada, comme des masques chirurgicaux.
« D’autres équipes se sont demandé comment appliquer nos technologies d’objets connectés aux problématiques de la pandémie », explique Charles Truong. En réutilisant les composantes internes des milliers de cocardes Klik que l’entreprise avait en stock et en réécrivant leur logiciel, la société a été capable de mettre en place un appareil permettant d’aider les employés des services essentiels à se laver les mains, à respecter la distanciation physique et à tracer leurs contacts si l’un d’eux attrape la COVID-19.
Les petites pastilles, dotées d’une antenne Bluetooth, peuvent par exemple s’illuminer lorsqu’elles sont trop près l’une de l’autre, et les employeurs qui s’en équipent peuvent utiliser le système pour identifier les zones à risques dans leurs usines. Pour créer leur logiciel, les équipes de Klik et PixMob ont notamment utilisé la documentation publiée par le gouvernement de Singapour ainsi que par Apple et Google dans le cadre du développement des applications de traçage.
« Ça nous a confortés dans nos décisions, surtout qu’on s’est aperçu que notre technologie était plus précise que le traçage par téléphone », indique le président de Klik. Cette précision accrue s’explique par le fait que tous ses appareils sont dotés de la même antenne Bluetooth, alors que cette dernière varie d’un modèle à l’autre avec les téléphones.
Quelques projets pilotes ont permis à l’équipe de peaufiner le produit avant son lancement officiel. « Au départ, on voulait par exemple que notre capteur soit porté comme un bracelet, mais ce n’était pas pratique dans des milieux comme celui de la transformation alimentaire », note Charles Truong. L’entreprise a finalement opté pour une pastille qui peut être fixée sur les vêtements.
Le dispositif, commercialisé depuis la semaine dernière par Safeteams, la nouvelle entreprise sœur de Klik et Pixmob, est déjà implanté dans une dizaine de sites en Amérique du Nord.
Des circonstances exceptionnelles
Des circonstances exceptionnelles ont forcé PixMob et Klik non seulement à se réinventer, mais à le faire bien plus vite qu’ils auraient pu l’imaginer. « Nous avons lancé une nouvelle entreprise en deux ou trois mois. Si on compare avec le lancement de Klik, il nous aurait normalement fallu près de trois ans pour arriver au point où on en est aujourd’hui », estime David Parent.
Pour fonder une entreprise, les entrepreneurs doivent habituellement embaucher du personnel, le former, gérer les vacances, développer une technologie, trouver du financement et bien plus encore. En plus d’avoir eu accès du jour au lendemain à une centaine d’employés habitués de travailler en équipe, Safeteams a récupéré du matériel existant et a pu profiter du financement au départ destiné au développement de Klik.
« Dans l’adversité, tout le monde s’est rangé derrière la cause. Les gens se sont donnés comme jamais. C’était comme être une jeune pousse de cinq personnes passionnées, mais avec 20 fois plus de monde », illustre David Parent.
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L’art de réinventer ses affaires
Les clients potentiels de Safeteams étaient aussi plus réceptifs qu’ils ne l’auraient été en temps normal. « Il est habituellement rare qu’on te rappelle quand tu contactes quelqu’un que tu ne connais pas. Là, tout le monde est ouvert et enclin à collaborer », poursuit le PDG. Safeteams tente notamment de vendre ses appareils dans les services essentiels propices aux éclosions de COVID-19, comme les hôpitaux et les usines de transformation alimentaire.
Des bases pour l’avenir
Même si le produit de Safeteams est pour l’instant associé à la pandémie, Charles Truong espère qu’il pourra servir après la crise. « Ce qu’on développe, on veut que ça serve à long terme », confirme le président de Klik.
En discutant avec ses clients et en suivant l’évolution du monde du travail, l’entrepreneur croit être en mesure de faire évoluer son produit pour qu’il continue à protéger les travailleurs, surtout dans un monde où l’automatisation et les objets connectés sont de plus en plus fréquents.
Les technologies développées pour Safeteams ne sont pas non plus conçues en vase clos. Si la première génération de ses appareils utilise le Bluetooth, la seconde, prévue pour les prochains mois, adoptera pour sa part une technologie à bande ultra-large (ultra wideband en anglais, ou UWB), ce qui devrait augmenter considérablement la précision des capteurs. « C’est quelque chose qu’on voulait faire depuis longtemps avec Klik, alors ça va servir pour les deux. On conçoit notre technologie comme une plateforme capable de résoudre des problèmes dans des marchés différents », poursuit Charles Truong.
L’entreprise derrière Klik et PixMob a vu son modèle d’affaires s’effondrer au début de l’année. Mais elle pourrait finalement s’en sortir encore plus forte après la crise.