dimanche 16 juillet 2023

PHYTOTHÉRAPIE : MÉLISSE

 PHYTOTHÉRAPIE : MÉLISSE

Cet article, destiné au grand public et rédigé par un rédacteur scientifique, reflète l'état des connaissances sur le sujet traité à sa date de mise à jour. L'évolution ultérieure des connaissances scientifiques peut le rendre en tout ou partie caduc. Il n'a pas vocation à se substituer aux recommandations et préconisations de votre médecin ou de votre pharmacien.

La mélisse est utilisée contre les maux de ventre depuis la Grèce antique. Souvent associée à la valériane, cette plante favoriserait également le sommeil et permettrait de combattre la nervosité et l’anxiété. Récemment, des travaux ont montré un possible intérêt dans le traitement local des boutons de fièvre.

ORIGINE ET USAGES DE LA MÉLISSE


La mélisse (Melissa officinalis) est originaire d’Asie Mineure (Turquie et pourtour méditerranéen) où Théophraste et Hippocrate en vantaient déjà la capacité à calmer les maux de ventre. Elle doit son nom au mot grec « melissa » désignant l’abeille (la mélisse est aussi appelée « piment des abeilles »). Elle est traditionnellement utilisée pour ses propriétés apaisantes sur le système nerveux et le système digestif. Son usage a été popularisé par des préparations élaborées dans des monastères (l’Eau de Mélisse des Carmes, par exemple).

Cultivée en régions tempérées, la mélisse est une plante de la famille des labiées, tout comme la menthe. Ses feuilles sont récoltées de juin à septembre, puis séchées. La poudre de mélisse est obtenue par broyage des feuilles, dont on peut aussi extraire l’huile essentielle, à usage externe. Des teintures et des extraits liquides sont également obtenus par extraction dans l’alcool.
Les autres usages traditionnels de la mélisse
Les décoctions de mélisse sont parfois utilisées en frictions pour soulager les migraines ou les rhumatismes, et en bains en cas de nervosité, d’agitation et de règles douloureuses.

COMMENT LA MÉLISSE AGIT-ELLE ?

Comme souvent en phytothérapie, l’action de la mélisse est liée à la présence de plusieurs substances actives. Parmi celles-ci, l’acide rosmarinique semble doté de propriétés anti-inflammatoires et un ensemble de substances (géraniol, citronellal, etc.) possède des propriétés antiseptiques.

Des extraits de feuille de mélisse ont montré une activité antispasmodique (contre les spasmes de l’intestin) et sédative (calmante) au cours d’études chez les animaux. Mais les substances responsables de ces effets n’ont pas été formellement identifiées.
Les autres plantes utilisées contre la nervosité
D’autres plantes sont également utilisées pour soulager les symptômes de la nervosité et les maux de ventre qui lui sont liés. Par exemple :Aubépine (Crataegus laevigata)
Coquelicot (Papaver rhoeas)
Houblon (Humulus lupulus)
Passiflore (Passiflora incarnata)
Valériane (Valeriana officinalis)

QUELLE EFFICACITÉ POUR LA MÉLISSE ?

De nombreuses études cliniques ont étudié les effets de la mélisse. Dans ces essais de petite taille, les extraits de mélisse ont été comparés à des placebos.

L’une de ces études, effectuée avec de la poudre de mélisse sur une vingtaine de jeunes adultes en bonne santé, semble suggérer un effet calmant, avec cependant une diminution de la vigilance et de la capacité de mémoriser.

Une étude contre placebo, effectuée sur 72 personnes âgées souffrant de démence sénile avec agitation, a montré que l’application d’huile essentielle de mélisse sur la peau contribue à diminuer les symptômes d’agitation. Un essai similaire portant sur 42 patients souffrant de la maladie d’Alzheimer a donné des résultats de même type, mais il est trop tôt pour en tirer des conclusions.

Deux études portant sur 180 patients souffrant de bouton de fièvre (herpès labial) ont montré que l’application de crème à la mélisse sur les lésions diminue les symptômes et accélère la cicatrisation. En revanche, la mélisse ne semble pas efficace sur les lésions d’herpès génital.

Paradoxalement, peu d’études cliniques existent sur l’efficacité de la mélisse contre les maux de ventre.

CE QU’EN PENSENT LES AUTORITÉS DE SANTÉ
... L’EMA

L’Agence européenne du médicament considère comme « traditionnellement établi » l’usage de la mélisse pour « soulager la tension nerveuse légère et aider à l’endormissement ainsi que pour le traitement symptomatique des douleurs gastro-intestinales liées à des ballonnements ou à des flatulences ». Elle recommande d’en réserver l’usage aux patients de plus de douze ans.
... L’OMS

L’Organisation mondiale de la santé reconnaît l’usage de la mélisse pour soulager les spasmes gastro-intestinaux, ainsi que son utilisation locale dans le traitement de l’herpès labial.
... LA COMMISSION E

La Commission E du ministère de la Santé allemand reconnaît l’usage de la mélisse dans les cas « de problèmes d’endormissement liés à la nervosité, ainsi que pour les douleurs gastro-intestinales fonctionnelles ».
... L’ESCOP

La Coopération scientifique européenne en phytothérapie reconnaît l’usage de la mélisse par voie générale contre « la tension nerveuse, l’agitation et l’irritabilité » ainsi que pour le « traitement symptomatique des troubles digestifs (spasmes légers) ». Son utilisation sous forme de crème en cas d’herpès labial est également reconnue.
COMMENT UTILISER LA MÉLISSE ?
FORMES ET DOSAGE DE LA MÉLISSE

La posologie recommandée est de 1,5 à 4,5 g de poudre de mélisse, une à trois fois par jour. La même quantité de feuilles est préconisée pour les tisanes, à prendre deux à trois fois au cours de la journée.

En application externe, les crèmes sont dosées à 1 % d’extrait aqueux de mélisse et s’utilisent deux fois par jour dès les premiers symptômes de la poussée d’herpès labial et jusqu’à la cicatrisation.

CONTRE-INDICATIONS DE LA MÉLISSE

D’après des essais in vitro (dans le tube à essai),
l’extrait aqueux de mélisse pourrait inhiber la TSH, une hormone qui stimule la glande thyroïde. Cependant, aucun effet indésirable de type thyroïdien n’a été décrit. Néanmoins, les personnes qui souffrent de maladie de la thyroïde doivent utiliser la mélisse avec prudence.

EFFETS INDÉSIRABLES ET SURDOSAGE DE LA MÉLISSE

Aucun effet indésirable notable n’a été rapporté à ce jour, mais la teinture de mélisse contient de l’alcool (éthanol) pour lequel les précautions habituelles d’usage s’appliquent.

En raison de son effet sédatif, la mélisse peut être responsable d’une baisse de la vigilance et peut se révéler dangereuse pour les personnes qui conduisent des véhicules ou qui pilotent des machines-outils. La prudence s’impose.

Par mesure de précaution, il est également déconseillé de prendre de la mélisse de façon prolongée en raison d’une possible diminution de l’activité des glandes sexuelles (action antigonadotrope).

INTERACTIONS DE LA MÉLISSE AVEC D’AUTRES SUBSTANCES


Du fait de son action sédative (calmante), la mélisse peut augmenter les effets de nombreux médicaments : somnifères, antidépresseurs, neuroleptiques antipsychotiques, antitussifs et médicaments contre la douleur contenant un dérivé de l’opium (codéine, morphine), etc. Toute personne qui prend un médicament du psychisme doit discuter avec son médecin de la prise éventuelle de mélisse. Pour les mêmes raisons, il est préférable d’éviter de consommer simultanément des boissons alcoolisées.

En raison de sa teneur en tanins, la mélisse ne doit pas être prise avec les médicaments ou les compléments alimentaires destinés à apporter du fer, car elle est susceptible de diminuer l’absorption du fer par l’intestin.

Enfin, la mélisse peut interagir avec d’autres plantes sédatives. Cet effet est parfois utile (par exemple avec la valériane, qui possède des effets similaires) mais pourrait être à l’origine d’effets exacerbés. Comme toujours, la prise simultanée de plusieurs plantes doit se faire avec le conseil d’un professionnel compétent.

MÉLISSE, GROSSESSE ET ALLAITEMENT


En l’absence d’études d’innocuité sur le fœtus, il est préférable de ne pas prendre de mélisse pendant la grossesse. Les femmes qui allaitent devraient également s’abstenir d’en prendre, les substances actives de la mélisse étant susceptibles de passer dans le lait.

LA MÉLISSE CHEZ LES ENFANTS

Plusieurs études - dont l’une contre placebo - ont évalué l’effet de la mélisse en association avec d’autres plantes (fenouil, verveine, réglisse) pour soulager les douleurs abdominales chez des bébés âgés de deux à huit semaines (coliques du nourrisson). Ces études ont montré des résultats positifs. Néanmoins, du fait de l’action sédative de la mélisse, son usage chez les enfants de moins de douze ans est déconseillé par les autorités sanitaires.
L'avis du spécialiste sur la mélisse


L'usage de la mélisse sur les troubles digestifs bénins doit être de courte durée et ne pas dépasser une semaine. Lors de prise de mélisse pour des troubles nerveux, et même si les études cliniques montrent une efficacité encourageante, une consultation médicale s'impose.


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