vendredi 27 juin 2025

Transformer la dette en espoir : exhortations d’un cardinal péruvien

Transformer la dette en espoir : exhortations d’un cardinal péruvien

23 juin 2025

Par Michael Swan, pour Développement et Paix – Caritas Canada


Alors qu’il se rendait en Alberta pour demander aux leaders du G7 de prendre des mesures morales, le cardinal Barreto s’est arrêté à Toronto pour aider les paroissien·ne·s et les invité·e·s de l’église Notre-Dame-de-Lourdes à saisir la signification de la campagne Transformer la dette en espoir. (Michael Swan)

Le cardinal péruvien Pedro Barreto Jimeno, ami du pape François, collègue du pape Léon XIV, défenseur des droits des peuples appauvris et de l’environnement, et allié de longue date de Développement et Paix – Caritas Canada (DPCC), était le conférencier principal du Forum populaire du Jubilé du G7 à Calgary, en Alberta. En chemin, il s’est arrêté à Toronto, où il a notamment visité la paroisse Notre-Dame-de-Lourdes. Michael Swan a joué un rôle de premier plan dans l’organisation de l’événement, dont il rend compte ici.

M. Swan, membre actif de DPCC, a occupé pendant longtemps le poste de rédacteur en chef adjoint du The Catholic Register, où il a remporté de nombreux prix et a beaucoup écrit sur notre travail. Plus récemment, lui et son épouse Yone Simidzu ont produit Notes du Brésil, une série de quatre reportages sur la région amazonienne, pour notre site Web.

Un cardinal péruvien et archevêque émérite originaire de l’Amazonie s’est rendu le 9 juin dans la paroisse jésuite de Toronto afin de rappeler aux Canadien·ne·s, au réseau national de Développement et Paix ― Caritas Canada (DPCC) et aux paroissien·ne·s de Notre-Dame-de-Lourdes ce qu’est réellement la campagne Transformer la dette en espoir : « la systématisation de l’injustice sociale ».

S’adressant à une centaine de personnes présentes dans l’église et à plus de 170 autres qui suivaient l’événement en direct (enregistrement espagnol-anglais disponible), le cardinal Pedro Barreto a exhorté les Canadien·ne·s à saisir cette occasion, ce moment kairos, alors que les leaders mondiaux s’apprêtaient à se réunir à Kananaskis, en Alberta, pour le sommet annuel du G7.

En parlant de kairos, le cardinal l’a qualifié de « moment propice à la transformation de l’individu et de la société ».

Un cardinal péruvien, un message universel

La réalité des pays appauvris accablés par des dettes impossibles à rembourser pendant une année jubilaire devrait inciter les chrétien·ne·s à renverser la tendance et à parler davantage de ce que les puissances économiques du monde développé doivent aux pays appauvris fortement endettés, a déclaré le cardinal Barreto. Il existe une dette écologique que le monde riche doit aux pays pauvres pour les dommages qu’il leur a infligés, dommages qui ont enrichi les nations riches en brûlant des combustibles fossiles et en pillant les ressources naturelles. Les empires des 300 dernières années et les systèmes économiques qu’ils ont créés ont plongé le monde dans des crises climatiques et environnementales qui touchent davantage les populations d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine que celles qui ont bénéficié du colonialisme, a-t-il déclaré.

Pour le cardinal Barreto, il ne s’agit pas seulement d’une question d’analyse économique ou historique. La crise de la dette actuelle appelle une réponse chrétienne.

« Dans la tradition chrétienne, le mot kairos désigne le “temps de Dieu” : des moments de grâce pour rêver et agir ensemble en tant que famille humaine, pour tirer les leçons de l’histoire, qui est le maître de la vie, pour consolider les processus de fraternité, d’écoute et d’action commune afin de rechercher le bien commun de l’humanité et des générations futures. »

La pétition de la campagne Transformer la dette en espoir de DPCC, qui a déjà recueilli plus de 33 000 signatures, sera présentée cette semaine aux leaders du G7 à Kananaskis. Cette campagne, qui s’inscrit dans le cadre d’une initiative mondiale du réseau Caritas, demande aux pays riches d’agir immédiatement pour mettre fin à la crise de la dette qui touche au moins 25 pays qui dépensent plus pour le service de leur dette que pour la santé ou l’éducation. Elle vise à recueillir 100 000 signatures au Canada et 10 millions dans le monde avant le 1er janvier 2026, sur la pétition qui demande aux dirigeants politiques de s’attaquer aux « causes profondes » de la crise en réformant le système financier mondial et en confiant à l’Organisation des Nations Unies le rôle de superviser un « cadre permanent, transparent, contraignant et intégral de la dette ».
Entrée tardive, mais en tête d’affiche

Le cardinal Barreto a été ajouté à la dernière minute au programme du DPCC prévoyant une réunion œcuménique pré-G7 à l’université Ambrose de Calgary. Le Forum populaire du Jubilé du G7 comprenait un rassemblement le dimanche après-midi et un service religieux le jeudi soir.

L’annonce tardive de l’escale du cardinal à Toronto n’a laissé aux membres du DPCC de Notre-Dame-de-Lourdes qu’un peu plus d’une semaine pour produire des affiches et des messages sur les réseaux sociaux et pour atteindre la population hispanique importante et diversifiée de la ville.

Mary Durran, membre du personnel de DPCC, a assuré l’interprétation de l’espagnol vers l’anglais afin que le discours du cardinal Barreto soit accessible à toutes et tous.

Des événements tels que le Forum populaire du jubilé du G7 et les campagnes populaires nationales sont nécessaires à une époque où la démocratie est menacée et où de nombreuses voix sont exclues ou ignorées, a déclaré le cardinal à ce journaliste le lendemain, lors d’une interview pour laquelle Catherine Barry, membre de DPCC, a servi d’interprète.

« Dans une démocratie, le pays doit défendre les droits de la société », a-t-il déclaré. « Chaque citoyen·ne a le droit de dénoncer une situation – ce processus, qui ne concerne pas seulement la dette extérieure (des pays appauvris), mais aussi la dette écologique… Il existe deux pôles : celles et ceux qui détiennent l’argent et les pauvres. »
Un rôle pour l’Église

Le cardinal Barreto, qui a travaillé avec le pape Léon XIV lorsqu’ils étaient tous deux membres de la conférence épiscopale péruvienne, estime que le nouveau pape souhaite que l’Église soit une voix morale sur la scène internationale.

« Le message du pape Léon XIV est très clair dès le début », a-t-il déclaré. « Il s’agit d’unité et de paix. L’unité dans notre humanité. Nous formons une seule humanité avec toutes ces cultures diverses, avec une seule maison commune. La voix de l’Église sur la guerre, les migrations, les changements climatiques et l’effondrement environnemental doit être du côté de celles et ceux qui souffrent » a-t-il déclaré.

« Il y a une guerre économique et l’Église ne peut rester silencieuse à ce sujet », s’est-il exclamé. « C’est une catastrophe que les plus puissants, ceux qui ont l’argent et le pouvoir, fassent souffrir les plus pauvres. »

Depuis l’ambon de l’église Notre-Dame-de-Lourdes, le cardinal Barreto a exhorté les catholiques canadien·ne·s à reconnaître leur responsabilité face à la situation actuelle.

« Nous sommes, en cette année 2025, dans le Jubilé de l’Espérance », a-t-il déclaré. « Nous sommes des pèlerin·e·s, et nous sommes invité·e·s à une conversion des esprits et des cœurs. Le Jubilé est l’expression du kairos, en tant qu’occasion historique pour les pays du Nord de reconnaître, de toute urgence, leur dette écologique envers les pays du Sud, conséquence de l’exploitation des ressources naturelles et de la corrosion des terres qui en résulte avec des déchets polluants. »


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