Le collagène en supplément alimentaire est le nouveau buzz beauté. Gwyneth Paltrow y croit dur comme fer, elle a même lancé sa propre marque à base de collagène marin. Aux États-Unis, ce marché a été estimé à 98 millions de dollars en 2018, un bond de 30 % par rapport à 2017, selon le Nutrition Business Journal. Produit coup de cœur ou joli coup de pub? On fait le point avec quatre experts.
Anne Fleischman
Des suppléments de collagène peuvent-ils vraiment rajeunir la peau?
L’idée est de stimuler la synthèse de collagène dans le derme (couche profonde de la peau), et non d’en rajouter. En laboratoire, on a en effet prouvé que les cellules qui le produisent – les fibroblastes – en fabriquaient encore davantage quand on les mettait en contact avec de l’hydrolysat de collagène, un dérivé de la protéine. « C’est comme si cette exposition leur envoyait un message », explique Alain Doyen, chercheur en sciences des aliments à l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF) de l’Université Laval. Là où ça se corse, c’est qu’on n’a pas encore démontré que ce mécanisme fonctionne sur des êtres vivants, et pas seulement sur des cellules isolées. « Toutes sortes de recherches ont été publiées sur les suppléments de collagène, mais quand on les examine attentivement, on se rend compte qu’elles ne tiennent pas la route », dit-il. Tests statistiques non significatifs, études réalisées sur des animaux de laboratoire ou sur de toutes petites cohortes humaines: les preuves ne sont pas là, en dépit de la popularité de ces suppléments. « Il en faut beaucoup plus pour prouver l’efficacité d’un produit », fait valoir le dermatologue Alain Dansereau, ancien directeur de la chirurgie dermatologique au Centre hospitalier de l’Université de Montréal.
Comment expliquer cette absence de résultats probants?
Le problème vient de la digestion du collagène. « Cette grosse molécule est formée de petits blocs, des acides aminés. Au moment du passage dans notre système intestinal, ces acides aminés sont absorbés puis redistribués partout dans le corps, et pas spécifiquement dans la peau. Prendre un supplément de collagène, c’est exactement comme consommer n’importe quelle protéine. On n’a aucune garantie sur la manière dont notre organisme l’utilisera », souligne le Dr Daniel Barolet, dermatologue établi en clinique privée à Laval.
Le collagène en crème est-il une meilleure option?
Pas vraiment. « Le collagène ne traverse pas la barrière de l’épiderme. Il ne pénètre donc pas dans le derme, là où se trouvent les fibroblastes. Qu’on l’ingère sous la forme de supplément ou qu’on s’en mette sur la peau revient au même, c’est du folklore », soutient Daniel Barolet. Le collagène est pourtant utilisé dans certaines crèmes. « C’est une molécule hygroscopique qui absorbe l’humidité de l’air. Elle contribue donc à maintenir une bonne hydratation. Mais cette propriété ne dépasse pas l’épiderme », insiste son confrère Alain Dansereau.
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